top of page

LA PHOTO

  • Photo du rédacteur: HIM
    HIM
  • 29 janv. 2019
  • 8 min de lecture



Hier je faisais le ménage dans ma chambre, et je suis tombé sur une photo. Perdue dans une vieille boite à chaussures Nike au fond du bordel sans nom de l’étagère du bas de mon armoire. Une photo prise au Polaroïd, un peu floue, du corps pulpeux d’une belle inconnue dont le visage restait caché. Les couleurs légèrement lavées du papier argentique donnaient à l’image des atours vintage, intemporels. Aucun détail ne permettait de dater précisément l’origine de ce shooting coquin, aucune dédicace au dos du papier, rien. Juste ce corps à demi-nu ; ces collants légèrement effilés et cette grosse poitrine ferme qui reposaient parfaitement sur une peau de nacre.


Mais qui était donc cette belle anonyme qui avait posé ainsi pour moi ?


À me poser cette question de la sorte, il est évident que cette photo datait au moins de cette époque embrumée où je collectionnais les conquêtes fugaces dans le but de me noyer dans une overdose de sexe. Je fixais la photo pour tenter de me remémorer des instants, des flashs qui pourraient m’aiguiller sur l’identité de cette femme. Déjà, à cette époque, j’avais pris en photo plusieurs conquêtes, certes, mais pas énormément non plus. Lesquelles avaient souhaité immortaliser une bonne baise par un cliché ?


Je me souvenais de Laurine et de son bustier rouge qui laissait sortir ses tétons durs. Mais elle n’avait pas quitté sa lingerie de la soirée et je ne pense pas qu’elle avait une aussi grosse poitrine que sur la photo. Car de mémoire, le cliché que nous avions pris ce soir-là mettait en avant son superbe décolleté dans lequel s’aventurait mon sexe en érection. Ça ne pouvait pas être Laurine.


Audrey peut-être ? C’est vrai qu’Audrey a une grosse poitrine, tiens je me demande ce qu’elle devient d’ailleurs ! C’était un super plan cul. Mais à y regarder de plus près, je ne pense pas qu’il s’agissait d’Audrey sur cette photo. Audrey avait un tatouage extrêmement complexe sur le bras gauche, une fresque très personnelle dont elle ne m’a jamais dévoilé la signification. Malgré l’angle du polaroïd qui favorisait largement l’opulente  poitrine de l’inconnue, on pouvait distinguer un bras gauche sans aucun tatouage, juste cette peau blanche sans le moindre signe distinctif. Pas de grain de beauté, pas de tâche de naissance visible. Impossible que ça soit Audrey donc, qui en plus de son tatouage ornait de mémoire une sublime constellation de grains de beauté juste au-dessus du nombril.


Puis je repensais à Fanny. C’est dingue, des fois une simple pensée nous ramène à une époque qu’on avait totalement occultée. Et j’avais totalement oublié Fanny. Et je me demande bien pourquoi, car finalement j’en garde d’excellents souvenirs – une fois qu’ils me reviennent, évidemment. Je me souvenais de ses lunettes à grosses montures qu’elle portait en me suçant, persuadée que je faisais partie des mecs qui fantasment sur les femmes à lunettes. Ce qui n’est pas vraiment le cas, j’aime juste me faire sucer en fait.


J’avais l’impression de jouer à une version assez morbide du jeu de société « Qui est-ce ? », et plus j’éliminais de réponses possibles, plus je me sentais mal de cet honteux tableau de chasse. Retrouver l’identité de cette plantureuse inconnue devenait finalement une question d’honneur à laquelle je ne pouvais me soustraire. Il me fallait une réponse.


Charlotte ? Nan, je me souviens bien de sa photo et on y voyait principalement ses fesses souillées de ma semence. Gaëlle et Delphine ne sont pas blanches donc non ; peut-être Océane ou Mélissa !

J’essayais de me remettre dans le contexte de ces deux rencontres. Les diverses chronologies étaient difficiles à placer, je n’arrivais pas à savoir précisément qui d’Océane ou de Mélissa était entrée dans ma vie en première. Si seulement j’avais noté un nom derrière la photo ! Mais à y repenser, ça aurait ressemblé à la boite à souvenirs de Dexter. Mauvaise idée.


Mélissa aurait été du genre à tenir une telle pose effectivement, elle avait une grosse poitrine et aimait la mettre en avant pour m’exciter – tout comme sa bouche pulpeuse qu’elle aimait poser sur mon corps.  Elle était libanaise certes, mais la lumière cramée pouvait très bien donner la fausse impression d’une peau blanche. C’était fort probable… à moins que… Mais nan ! Impossible. Je me souviens maintenant. Aucune chance que ça soit Mélissa, puisqu’elle était venue à notre rendez-vous accompagnée de son fuckboy pour un plan à trois. Et du coup je me souvenais parfaitement de la photo que nous avions prise cette nuit-là…


Ce serait donc Océane ? Tout comme Mélissa, Océane avait le teint hâlé, ce qui explique pourquoi je n’avais pas pensé à elle plus tôt. Mais comme Mélissa, c’est vrai que physiquement elle correspondait parfaitement à la silhouette que je voyais sur la photo, en tout cas des bribes de souvenirs qu’il m’en restait. Pour en avoir le cœur net, je me suis rué sur ma chaise de bureau et j’ai sorti mon ordinateur de sa veille d’un mouvement de la souris. L’écran allumé, je me suis immédiatement connecté au Network et j’ai cliqué sur mon profil. Je ne regarde que peu l’historique de ce que le site appelle les « rencontres », je suis plus intéressé par les listes d’abonnements plus traditionnels. Comme mon compte n’est totalement accessible qu’aux personnes à qui j’ai autorisé un accès complet via l’abonnement, je ne prête que peu d’intérêt à toutes celles et ceux qui tentent de me contacter ou qui essayent d’interagir avec moi sans que je le souhaite vraiment. Les filles ont leurs stalkers, nous les mecs avons le droit aux bots russes qui nous tiennent la jambe pendant trente ans pour finalement nous envoyer un lien bien vérolé comme il faut. Océane ne figurait plus dans ma liste d’amies depuis un bout de temps, ça j’en étais conscient, mais je pourrais sûrement retrouver son profil en vérifiant l’historique de mes ajouts.


Je scrollais l’interminable liste de mes ajouts d’amies depuis mon inscription sur le Network. Pendant que les photos de profil défilaient à grande vitesse sur l’écran de mon ordinateur, je regardais le polaroïd que je gardais toujours dans ma main. Quel corps de dingue franchement… Et pendant que je matais les courbes incroyables du modèle d’une nuit, je me demandais comment j’allais bien pouvoir aborder Océane en fait.


« Tiens salut comment ça va ? Dis j’ai retrouvé une photo d’une meuf à poil je voulais vérifier si c’était toi ? »

« Salut ça fait longtemps ! Dis-moi, j’ai retrouvé une photo de toi à moitié nue, ça m’a rappelé de bons souvenirs, tu veux qu’on se voit ? »


Non, vraiment le très mauvais plan. Il n’y avait aucune raison logique pour que je reprenne contacte avec Océane après autant de temps, d’autant plus sur le Network où les intentions de chacun sont évidentes. Mais contrairement à une relation amoureuse, j’ai nettement moins de problème à me replonger dans de vieilles histoires de cul, car en général elles se terminent aussi rapidement qu’elles ont commencé, et souvent sans la moindre anicroche. Je regardais la photo en tentant de me souvenir de l’instant précis où j’avais pris ce cliché. J’admirais ses longues jambes et ce collant légèrement malmené en me disant que je n’aurais probablement pas attendu de le retirer et que j’aurais probablement tenté de transpercer les mailles avec ma…


OH PUTAIN !


Je stoppai le scroll de la souris. Je me souvenais de tout. Ce n’était pas Océane, absolument pas. C’était Manon ! Comment avais-je pu oublier Manon ?? Je me souvenais avoir jeté le polaroïd sur mon lit immédiatement après avoir pris la photo, pour venir prendre une nouvelle fois Manon tant elle m’enivrait de sexe. Je n’ai jamais réellement su décrire l’aura que pouvait avoir Manon sur ma Faim. Elle avait ce côté divin à te donner l’envie de lui faire l’amour sans avoir besoin de trop en faire ni trop en dire. C’était l’évidence avec elle. Elle devait probablement jouer de ses différentes poses, d’un jeu de regard subtil ou d’un changement imperceptible dans sa voix, que sais-je. J’étais tout bonnement incapable de lui résister, et je me souviens parfaitement de cette soirée. J’étais en déplacement sur Lyon et j’avais consulté quelques semaines avant les profils lyonnais sur le Network en prévision de quelques nuits d’hôtel solitaires. Normal.


J’étais tombé sur le profil de Manon, petite brunette aux formes incroyables. Elle avait de grands yeux verts pétillants, une bouche pulpeuse et un sourire à peine croyables. Elle était métisse tunisienne je crois, et avait passé beaucoup trop de temps à essayer de ressembler à Kim Kardashian. Elle n’en avait pas besoin, elle était déjà tellement belle sans tous ces artifices.


Je me souviens qu’elle ne semblait pas particulièrement intéressée par moi lorsque j’avais tenté ma première approche, mais elle était gentille comme tout et je n’avais pas cherché plus loin. Mais quelques jours avant d’arriver sur Lyon, nous avons discuté un peu plus longuement, et on s’était presque redécouvert. Ce soir-là, elle a commencé à me faire quelques sous-entendus proches du rentre-dedans. Ça m’avait surpris mais comme je l’ai déjà dit, j’adore me faire draguer, ça ne me déstabilise en rien, au contraire : ça m’excite encore plus.


Elle m’avait montré une facette très sexuelle de sa personnalité, et lorsqu’elle avait branché sa webcam, j’ai eu tout le loisir de le constater. Manon était si pulpeuse, un véritable bonbon. Elle jouait si bien avec sa bouche pulpeuse et son regard d’enfant amusée. Et ses mains ne cessaient de tourner autour de cette poitrine généreuse que j’imaginais déjà à portée de mes mains et de mon sexe. J’avais déjà croisé des profils un peu similaires à celui de Manon, des personnalités impulsives avec qui ça marche fort très vite, mais qui passent à autre chose tout aussi rapidement. Des étoiles filantes.

Comme nous n’habitions pas du tout au même endroit et que je ne m’attendais pas à la revoir de si tôt, ça me convenait très bien car je risquais juste de passer une nuit mémorable.


Et elle fut mémorable, c’est le moins que je puisse dire. C’était intense, érotique, gourmand, doux, tendre, violent, fort… Nous n’avons passé qu’une nuit ensemble, et je suis reparti avec ce cliché comme seul souvenir. En rentrant chez moi j’ai constaté que Manon m’avait retiré de sa liste d’amis sur le Network, et m’avais juste laissé une bonne note sur mon livre d’or avec comme seul commentaire un cœur. J’avais cherché par tous les moyens à le recontacter pour l’inviter chez moi pour un match retour. Mais sans succès. Elle m’avait marqué plus que je n’aurais su l’avouer. Voilà pourquoi j’avais gardé sa photo dans un coin sans jamais la détruire, c’était pour ne jamais l’oublier. Mais le temps passe, les conquêtes aussi, et on finit par oublier malgré tout.


Mais à présent je me souvenais de Manon, et la frustration de cette trop courte aventure revenait encore plus forte. Et si nous étions passés à côté d’une véritable bonne histoire ? Et s’il pouvait y avoir autre chose qu’un simple plan cul en livraison rapide ?

Ça faisait un sacré bail, peut-être était-elle en couple désormais, voire totalement désinscrite du Network, ou sous un autre profil aussi, qui sait ?

Je poursuivais ma recherche sur l’historique des ajouts. Océane passa devant mes yeux sans que je prenne le temps de m’y arrêter.


Après quelques minutes, je trouvais le profil de Manon ! Elle ne m’avait pas bloqué mais je n’étais plus automatiquement abonné à ses publications. Je regardais son profil. Elle avait changé de photo. Bon sang elle était encore plus belle qu’avant. Son profil avait été mis à jour il y a quelques heures, elle utilisait encore le Network ! Je vérifiais ses informations avant de tenter une approche. Célibataire… cherche Homme entre 25 et 35 ans… pour s’amuser.


Très bien, elle n’était pas en couple . Et à vrai dire, je n’en aurais rien eu à faire si tel avait été le cas à cet instant précis.

Je regardais le bouton « envoyer un message privé ». Quelques secondes à peser le pour et le contre, et je me décidai à cliquer sur le bouton et à écrire un simple « Coucou Manon, ça va paraître étrange, mais je pensais à toi aujourd’hui, et j’ai ressenti le besoin de prendre de tes nouvelles, j’espère que tout va bien pour toi. »

Et j’ai envoyé. Je n’avais aucune idée de ce que ça pourrait donner, et si même elle lirait ce message qui allait probablement tomber dans la pile des nombreux messages de spam qu’elle devait recevoir chaque jour.


Par curiosité je remontais chercher le profil d’Océane pour voir ce qu’elle devenait, et pendant que le diaporama faisait défiler les photos en bikini de la belle calédonienne, j’écrivais derrière le polaroïd de Manon un petit mot au crayon afin de ne plus jamais oublier. Peut-être aurais-je dû détruire cette photo comme je l’avais fait pour toutes les autres. Mais à cet instant je ne pouvais m’y résoudre.

Lorsque je reposais la photo de Manon sur le bureau pour m’attarder plus sérieusement sur le profil d’Océane qui me rappelait lui aussi d’excellents souvenirs, un pop-up apparut en bas à droite de la page. C’était Manon qui répondait à mon message.


Salut ! Waw ça fait longtemps ! ça va ? Lol tu viens sur Lyon c’est ça ;P ?


J’ai ri, mais je ne voulais pas reproduire les mêmes erreurs…

Comments


© 2023 by The Book Lover. Proudly created with Wix.com

Abonnez-vous!

bottom of page